samedi 29 mars 2014

Le big-bang de la création de… l’innovation perturbatrice!


Le 17 mars dernier, un groupe d’astrophysiciens auraient découvert, après 9 ans de recherche, la première trace d’évidence directe de l’inflation cosmique [i].  L’inflation cosmique, c’est le "bang" du big-bang.  La théorie veut qu’après le big-bang, il y ait eu une expansion très rapide de l’univers et que cette expansion ait laissé des traces des vagues cosmiques radioactives. Ce sont des preuves de l’existence de ces vagues que les chercheurs croient avoir trouvées, grâce à un outil de détection de radioactivité extrêmement sensible installé au pôle Nord [ii].


Cette théorie de l’expansion rapide est aussi appliquée dans plusieurs autres domaines, notamment lors de  la création d’innovations perturbatrices, que les auteurs Larry Downes et Paul F. Nunes appellent « perturbation Big-Bang » [iii].  En analysant le taux d’adoption d’une innovation, on peut déterminer si on fait face à une innovation à expansion rapide, ou à une innovation plus standard. En effet, avec une innovation normale, la courbe du taux d’adoption se fait en 5 phases : les inventeurs, les utilisateurs précoces, la majorité précoce, la majorité tardive et finalement les retardataires.  Par contre, pour une innovation perturbatrice le taux d’adoption se fait en 2 phases : les utilisateurs de banc d’essai et la grande majorité.  Comme vous pouvez le constater dans le graphique ci-dessous, la courbe de cette dernière est beaucoup plus rapide et prononcée que celle d’une invention normale.



Cette distinction entre les deux courbes se justifie par le fait que les perturbations big-bang sont, la plupart du temps, non planifiées et non intentionnelles. Un autre principe est qu’elles sont généralement peu couteuses et rapides à produire, tout en gardant une bonne qualité, ce qui favorise l’accélération de l’adoption.  C'est justement le taux d'adoption rapide qui génère le "bang" (l'onde de choc) des innovations perturbatrices, et toutes les autres technologies ou méthodes qui subissent l'onde de choc auront de graves conséquences.

Les machines Pinball représentent un exemple classique ayant subi l’onde de choc d’une innovation big-bang.  L’industrie de machine Pinball était en plein effort au début des années 1990.  En 1993, il s’est vendu près de 140,000 machines Pinball (un sommet historique pour ces machines de divertissement).  Puis en 1994, la console de jeu PlayStation de Sony est mise en marché.  La croissance de la console de Sony coïncide exactement avec le déclin des machines Pinball.  Les jeunes venaient de trouver un moyen de divertissement plus intense que les bonnes vieilles machines Pinball, et qu’ils pouvaient utiliser dans leur sous-sol. Ce sont eux qui ont anéanti le marché des machines Pinball.  Sony n’avait pas planifié ou même pensé à cet impact; ce fut un dommage collatéral de type big-bang.

À moins d’être un grand visionnaire, il est peu probable que vous soyez en mesure de tout prévoir.  Ainsi donc, lorsqu’une innovation perturbatrice surviendra dans votre domaine, vos options seront limitées.  Soit vous agissez rapidement pour vous repositionner dans votre secteur, soit vous achetez l’envahisseur!

Avez-vous tenté l’expérience de réfléchir à ce que serait les potentielles perturbations big-bang qui pourrait impacter votre secteur d’activité dernièrement?  Si ce n’est pas le cas, je vous suggère de faire l’exercice!





[i] Mike Wall, “Major Big Bang Discovery Brings ‘Theory of Everything’ a Bit Closer to Reality,” Space.com, March 21, 2014.
[ii] Mike Wall, “Major Discovery: ‘Smoking Gun’ for Universe’s Incredible Big Bang Expansion Found,” Space.com, March 17, 2014.
[iii] Larry Downes and Paul F. Nunes, Big-Bang Disruption, Harvard Business Press Books, HBS PRESS BOOK (Harvard Business Press Books, 2014), http://hbr.org/product/big-bang-disruption/an/13950E-KND-ENG.

dimanche 16 mars 2014

Le Fast-Innovation à l’américaine

Vous saviez sans doute que nous sommes dans l’ère du Fast-Food à l’américaine, mais saviez-vous que nous sommes également dans l’ère du Fast-Innovation à l’américaine?

Fast-Innovation parce que, tout comme pour la restauration rapide, le but est de faire gagner du temps aux organisations en leur permettant d'exploiter rapidement les innovations, et pour un prix moindre que ce qui se faisait par le passé [i].

Le Fast-Innovation est donc l’ensemble des tendances technologiques qui accélèrent la mise en marché de nouveautés, dans le domaine des TIC (technologie de l’information et des communications), en ayant pour objectifs :
  • la réduction des coûts dans son ensemble;
  • la simplification de son apprentissage, pour les utilisateurs (accélération de la courbe du taux d’adoption);
  • la simplification de la gestion, pour les organisations (rapidité de développement, déploiement, maintenance, etc.);
  • l’amélioration des processus sous-tendant.

Pourquoi en sommes-nous arrivés là?

Tout simplement parce que les marchés financiers exercent sans relâche leur pression sur les conseils de direction des organisations afin que celles-ci connaissent une croissance à la fois constante et la plus rapide possible [ii].  C’est la « loi » implacable tant des marchés financiers américains, que mondiaux.

Considérant que l’innovation est le levier de l’économie, puisque sans l’innovation les organisations seront appelées à mourir [iii], les pressions exercées par les marchés financiers agissent directement sur l’innovation, créant du même coup ce mouvement qu’est l’ère du Fast-Innovation…

Le Fast-Innovation étant une question de vie ou de mort pour plusieurs organisations, et devant la nécessité continuelle d’en faire plus, à moindre coût et rapidement, de nouvelles technologies ont vu le jour.

En 2014, selon Gartner [iv], les tendances technologiques seront les suivantes :
  • l’augmentation de la diversité des appareils mobiles et la simplification de leur gestion;
  • la multiplication des applications pour appareils mobiles, non seulement pour le grand public, mais également pour les besoins internes des entreprises;
  • l’« Internet of everything » permettant de connecter tous nos biens de consommation sur le net, depuis le réfrigérateur jusqu’aux automobiles;
  • le « Cloud » hybride pour intégrer et rendre compatible l’ensemble des « Clouds » personnels ainsi que ceux des organisations;
  • le perfectionnement de l’architecture des technologies de l’information afin de permettre de répondre à la demande grandissante du « Cloud »;
  • l’augmentation de l’utilisation du « Cloud » pour notre usage personnel;
  • l’amélioration des standards relatifs aux infrastructures de programmation pour le développement des applications;
  • la remise en question des méthodes des fournisseurs de services TI afin de s’aligner avec le « Cloud »
  • la prolifération des « machines intelligentes », tels que les véhicules autonomes;
  • et finalement, l’impression 3D, ces imprimantes qui peuvent littéralement construire de petits objets.

On remarque, comme premier constat, que quatre des dix tendances sont directement reliées au nuage informatique (le « Cloud »), et que les autres (sauf pour l’imprimante 3D) ont aussi un lien très fort avec le « Cloud ».

Les organisations se préparent donc à emmagasiner des pétaoctets (PB) et peut-être même des exaoctets (EB) de données sur le « Cloud ».

Valeur
Métrique
1000
KB
kilooctet
10002
MB
mégaoctet
10003
GB
gigaoctet
10004
TB
téraoctet
10005
PB
pétaoctet
10006
EB
exaoctet
10007
ZB
zettaoctet
10008
YB
yottaoctet

Il faut savoir que, toujours selon Gartner [v], les dix plus importants fournisseurs de centre de données infonuagique (« Cloud Storage ») en 2013 étaient Amazon, AT&T, Google, HP, IBM, Intermap, Microsoft, Nirvanix, Rackspace et Softlayer (acquis par IBM après l’analyse).

Notre deuxième constat est qu’il s’agit d’organisations provenant toutes des États-Unis.

C’est pour cela que je vous mentionnais au départ que nous sommes dans l’ère du Fast-Innovation à l’américaine. Vraisemblablement, ce sont eux qui seront des joueurs très influents dans les nouvelles technologies qui se pointent à l’horizon!

Croyez-vous qu’il serait temps pour vous d’investir dans ce domaine ?  Moi oui :)






[i] Michael L George, James Works, and Kimberly Watson-Hemphill, Fast Innovation Achieving Superior Differentiation, Speed to Market, and Increased Profitability (New York, N.Y.: McGraw-Hill, 2005), http://www.lib.sfu.ca/cgi-bin/validate/books24x7.cgi?bookid=11951.
[ii] Clayton M. Christensen, The Innovator’s Solution: Creating and Sustaining Successful Growth (Boston, Mass: Harvard Business School Press, 2003).
[iii] Jack Collis, Innovate Or Die: Outside the Square Business Thinking (HarperCollins Publishers Australia, 2007).
[iv] Peter High, “Gartner: Top 10 Strategic Technology Trends For 2014,” Forbes, October 14, 2013.
[v] Brandon Butler, “Gartner: Top 10 Cloud Storage Providers,” Network World, January 3, 2013.