L’innovation, accélérant à une vitesse
exponentielle dans toutes les sphères de notre société, apporte de nouveaux
enjeux sociopolitiques à plusieurs niveaux. Ainsi, les déchets électroniques générés
par l’obsolescence programmée et par le boom des TIC (technologies de
l’information et des communications) soulèvent des enjeux environnementaux. Dans les pays en voie de développement, des
enjeux portant sur les droits de l’homme et les conditions de vie des
travailleurs nous interpellent. Plus près de nous, des atteintes à la
confidentialité des renseignements personnels sont causées par les
resserrements de sécurité pour contrer les menaces terroristes, car
malheureusement oui, même les terroristes innovent. Et que dire des enjeux de
corruptions, alors qu’il n’a jamais été aussi facile de cacher d’énormes sommes
d’argent dans des paradis fiscaux, sans oublier les enjeux causés par le
cybercrime des nouveaux pirates de l’informatique.
Dans le cadre du cours sur le « Contexte
économique et sociopolitique de l’entreprise », je retiens principalement
une définition de Jean Pasquero (2005) comme étant celle qui est la plus à
propos pour un enjeu au niveau d’une organisation.[i];
En effet, il décrit l’enjeu comme étant « une situation définie par une ou
des parties prenantes comme un problème à régler. Ces parties prenantes
sollicitent l’attention d’autres acteurs susceptibles de traiter ce problème
dans le cadre des valeurs qu’elles défendent. »[ii]
Je suis tout à fait d’accord avec cette
définition, puisqu’elle s’applique très bien aux organisations, et parce que je
suis persuadé que ces dernières ont un grand rôle à jouer dans la résolution
des enjeux causés par les innovations. Comment? Tout d’abord, parce que plus
une organisation est proactive et à l’écoute des parties prenantes, plus elle sera
en mesure de reconnaître les enjeux. Par la suite, l’organisation pourra
amplifier l’importance de l’enjeu en politisant sa position grâce aux pressions
auprès des gouvernements et ainsi tenter d’assurer sa conformité par la
création de règlementations qui soient susceptibles de régler les enjeux tout
en lui étant favorables. Finalement, elle pourra soutenir la résolution du ou
des enjeux par l’implantation de correctifs appropriés.
Mais ne me croyez pas dupe! Je sais pertinemment
que les organisations ont aussi besoin d’une vigie constante et de pression
pour agir de la sorte, et qu’il en faut de plusieurs natures. De nos jours, ces
vigies et pressions sont exercées par :
- Les différentes réformes législatives législatives et la popularité croissante des rapports de responsabilités sociales que produisent les organisations.
- Les exigences des investisseurs, par exemple selon les attentes des différentes bourses ou par le dépôt de résolution d’actionnaires, de même qu’avec la publication des indices composés des organisations les plus responsables.
- La normalisation des référentiels de qualité et de responsabilité, telle que l’ISO 14000 (pour l’environnement) et l’ISO 26000 (pour la responsabilité sociale).
- Les consommateurs, qui ont le gros bout du bâton!
- Et finalement, tous les autres vecteurs de changement tels que l’ajout de formation aux programmes de l’enseignement supérieur, les nouveaux médias qui accélèrent les pressions, les nouvelles générations et l’apport des femmes dans les entreprises.
Une critique, relativement à l’application de
cette définition aux organisations, est qu’il s’agit d’un cercle vicieux. En effet,
à la base, les organisations tentent de faire des affaires en répondant aux besoins
des consommateurs, lesquels sont de plus en plus exigeants. En tentant de
répondre à ces exigences des consommateurs, les organisations créeront des
enjeux de toutes natures. Et au bout du compte, les organisations en seront
condamnées par ces mêmes consommateurs. Ce n’est pas facile de faire des
affaires… Là où le cercle vicieux devient intéressant, c’est que les
organisations sont composées et dirigées par des consommateurs!
Dans cette optique, puisque nous sommes des
employés (en majorité), avant d’être des consommateurs, je crois que chaque
employé a le devoir de participer activement à la sensibilisation de son
organisation sur les enjeux présents et potentiels. Car ce sont les individus
qui forment ces organisations qui pourront instaurer une culture d’entreprise
axée sur la responsabilité sociétale et qui s’assureront de leur adhésion aux
principes du développement durable, de l’éthique, de la légitimité et du
dialogue avec les parties prenantes!
Étant un consommateur et un acteur principal
dans mon organisation, je vais en profiter pour sensibiliser mes collègues et
employés aux enjeux qui nous sont propres, afin de proposer des solutions
alternatives ou améliorations.
© 2015 Simon-Pierre Marion tous droits réservés
[i] Lovasoa Ramboarisata,
“Contexte économique et socio-politique de l’entreprise - MBA8T21-5 - UQÀM” (Présentation
PowerPoint, Montréal, Québec, Canada, January 2015).
[ii] Marie-France
Turcotte and Anne Salmon, eds., Responsabilité Sociale et Environnementale
de L’entreprise, Collection Pratiques et Politiques Sociales et
Économiques (Sainte-Foy, Québec: Presses de l’Université du Québec, 2005).