En
innovation, il est primordial de prendre les bonnes décisions. Pour ce faire,
les entreprises modernes se basent habituellement sur leur intelligence d’affaires. Il faut toutefois savoir que "la prise de
décision ne doit pas uniquement se faire sur la vélocité de l’information en
intelligence d’affaires, elle doit aussi être en étroite relation avec la
compréhension de l’impact des décisions sur la performance dans le temps."[i]
Afin d’en
arriver à cette compréhension, j’aimerais vous parler des modèles de simulation. "Ceux-ci permettent de contribuer à un
meilleur contrôle des risques et à une prise de décision beaucoup plus efficace
en présence d’incertitude."[ii]
Il existe
plusieurs types d’outils pour nous aider à bâtir des modèles de simulation :
- "Les outils classiques de budgétisation des investissements; Ces outils estiment la progression de la marge bénéficiaire d’un projet, selon le potentiel d’investissement, pour établir s’il est avantageux d’y investir.
- Les outils d’analyses qualitatives; Permettre la prise de décisions en fonction d’un ensemble de scénarios qualitatifs représentant comment le présent pourrait évoluer dans le futur et en identifiant les conséquences des décisions considérées.
- Les outils de scénarios quantitatifs; Ces outils analysent les décisions en spécifiant les résultats possibles et leurs probabilités. Ils utilisent des méthodes mathématiques, statistiques et de simulation pour identifier les risques et bénéfices potentiels de nos choix.
- Les outils de raisonnement basé sur des cas; Une approche méthodique qui permet la synthèse des informations recueillies dans les expériences passées qui sont similaires à celle recherchée afin d’aider dans la prise de décision.
- Les outils de recoupement d’informations; Il s’agit de collecter et de compiler l’information de diverses sources afin d’aider dans la prise de décision."[iii]
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Powersim - Cloutier(2013) |
Pour
illustrer mon propos, je m’inspire d’un exemple que j’apprécie particulièrement,
soit le calcul du taux d’adoption des technologies, proposé par Martin Cloutier Ph.D., dans le cadre de son cours "Technologies de la décision et système d'information - MBA UQAM 2013". Dans ce cas précis, le choix de modèle de simulation est le scénario quantitatif. L’outil que je recommande pour ce modèle est
Powersim, maintenant partenaire avec la compagnie SAP [iv].
Cependant,
il peut être très complexe de comprendre un modèle quantitatif, sans connaitre
le raisonnement et les formules derrière son développement. C’est pourquoi dans cet article, je vous
propose une représentation à l’aide d’un modèle d’analyses qualitatives. L’outil, ou plus précisément la méthode, que
j’utilise est le diagramme d’influence (DI) [v]. Avec le DI que voici, vous aurez une
représentation concise du schéma mental du modèle. Ce
schéma vous aidera à mieux comprendre le taux d’adoption de nouvelle
technologie.
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Diagramme d'Influence du Taux d'Adoption des Technologies |
Description
des éléments (variables et constantes du modèle) :
- Les éléments exogènes (externe au modèle) : Il y en a deux, ce sont des constantes, le Délai d’adoption et le Multiplicateur.
- Les éléments endogènes (interne au modèle) : Il y en a six. Les deux premiers sont des variables de niveau, le Potentiel d’adopteurs et les Adopteurs. Le troisième est une variable de taux, Taux d’adoption, calculé de la façon suivante : Potentiel d’adopteur * Effet réseau * (1 – Limite adoption) / Délai adoption. Les trois derniers sont des variables auxiliaires. La Fraction d’adopteurs (égale à Adopteurs / (Adopteurs + Potentiel d’adopteurs)), la Limite d’adoption (qui est un graphique représentant une courbe croissante de 0 à 1 (axe des Y) avec un axe des X variant selon la Fraction d’adopteurs) et l’Effet réseau (égal à Fraction d’adopteurs * Multiplicateur).
Description des boucles et
relations :
- Il y a premièrement un équilibrage (E1) (nombre impair d’influences opposées) entre Potentiel d’adopteurs et Taux d’adoption. Cela s’explique, car plus le Potentiel d’adopteurs augmente (diminue), plus le Taux d’adoption augmentera (diminuera) aussi. Par contre, à l’inverse, plus le Taux d’adoption augmente (diminue), plus le Potentiel d’adopteurs diminuera (augmentera).
- La deuxième boucle d’équilibrage (E2) s’explique, car plus le Taux d’adoption augmente (diminue), plus le nombre d’Adopteurs augmentera (diminuera), plus la Fraction d’adopteur augmentera (diminuera) et plus la Limite d’adoption augmentera (diminuera) aussi. Finalement, à l’inverse, plus la Limite d’adoption augmentera (diminuera) et plus le Taux d’adoption diminuera (augmentera).
- La troisième boucle d‘équilibrage (E3) s’explique, car plus le Taux d’adoption augmente (diminue) et plus, à l’inverse, le Potentiel d’adopteurs diminuera (augmentera) et plus la Fraction d’adopteurs diminuera (augmentera). Par contre, plus la Fraction d’adopteurs augmente (diminue) et plus la Limite d’adoption augmentera (diminuera) aussi. Finalement, comme nous le savons déjà, il y a influence opposée entre la Limite d’adoption et le Taux d’adoption.
- Il y a aussi deux boucles de renforcements (nombre pair d’influences opposées). La première (R1), s’explique car plus le Taux d’adoption augmente (diminue) et plus le nombre d’Adopteurs augmentera (diminuera), plus la Fraction d’adopteur augmentera (diminuera), plus l’Effet réseau augmentera (diminuera) et plus le Taux d’adoption augmentera (diminuera) aussi.
- La dernière boucle, de renforcement aussi, s’explique, car il y a une influence opposée entre le Taux d’adoption, le Potentiel d’adopteurs et la Fraction d’adopteurs. Elle s’explique aussi, parce qu’il y a une Influence positive entre la Fraction d’adopteurs, l’Effet réseau et le Taux d’adoption.
Ce modèle
n’est pas nécessairement complet, mais il vous explique clairement les fondements du taux
d’adoption des innovations de nouvelles technologies. Selon vous, quels autres éléments devrions-nous ajouter pour améliorer le
modèle?
Si vous êtes gestionnaire, savoir quand décider est aussi important que de savoir quoi décider. Les modèles de simulations sont de bons outils pour vous aider dans cette quête. En tant que gestionnaire, il est donc important de bien connaître ces outils et de bien les utiliser lors des décisions importantes. Maintenant, posez-vous la question... Est-ce que votre organisation utilise des modèles de simulations pour la prise de décision?
[i] L. Martin Cloutier,
Université du Québec à Montréal, and Centre de recherche en gestion, Méthodes
pour dégager les données pertinentes: l’information en soutien à la prise de décision
(Montréal: Université du Québec à Montréal, Centre de recherche en gestion,
2001).
[ii] Frank Hyneman
Knight, Risk, Uncertainty and Profit (Cosimo, Inc., 2005).
[iii] Hugh Courtney, Dan
Lovallo, and Carmina Clarke, “Deciding How to Decide,” Harvard Business
Review Magazine, November 2013.
[iv] “SAP Software
Partner,” October 2007,
http://www.powersim.com/info/about/press-releases/sap-software-partner2/.
[v] Martin Cloutier, “L’information
simulée en soutien à la prise de décision: Concepts et applications en
financement d’entreprises” (Québec, 2002).