vendredi 28 février 2014

L’évolution des brevets PDA chez Samsung

À la suite de mon article sur l’entente de partage des brevets entre Google et Samsung, j’ai effectué une petite recherche à ce sujet pour mieux comprendre la stratégie d’innovation de Samsung.

En observant l’évolution des brevets des assistants numériques personnels (PDA – Personal Digital Assistant), on s’aperçoit rapidement que Samsung n’était pas un précurseur dans ce domaine. Au moment des premiers balbutiements des PDA, à la fin des années 1980, Samsung ne publiait pas de brevets.  Son premier brevet sur les PDA remonte à 1996, quelques années après la plupart des organisations émergentes de cette industrie. De plus, ce n’est qu’en 2002 que Samsung a publié, pour une année entière, plus de 100 brevets sur les PDA. Samsung accusait donc, à ce moment, un retard de plusieurs années derrière la plupart des plus gros joueurs de l’industrie (voir graphique 1 et 2)

Graphique 1 - Nombre de brevets publié par Samsung par année

Graphique 2 - Nombre de brevets total dans l'industrie, publié par année
Toutefois, le cheminement de Samsung, sur le positionnement international, a connu une croissance constante par la suite. De 2004 à 2009 Samsung se positionnait entre les 6e et 5e rangs des organisations ayant publié le plus grand nombre de brevets durant une année. Puis, en 2010 et 2011, il se classe 3e, pour reculer au 4e rang en 2012 et finalement finir en 2e position en 2013. Au 25 février 2014, Samsung occupait toujours le 2e rang pour l’année en cours (voir graphique 3).

Graphique 3 - Évolution des brevets PDA par année et par propriétaire
À ce jour, au total des brevets PDA actifs, Samsung possède plus de quatorze mille brevets, ce qui le place au 4e rang des organisations de l’industrie derrière Qualcomm (26,493), Microsoft (17,256) et IBM (17,163) (voir graphique 4). L’organisation de Samsung démontre ainsi qu’elle veut s’imposer, dans cette industrie ultra compétitive, comme chef de file.
Graphique 4 - Total des brevets actifs par propriétaire
Autre fait intéressant, le taux de survie, des brevets PDA de Samsung, est généralement plus élevé que la moyenne de l’industrie, ce qui confirme le sérieux de Samsung lors de la création et la publication de ses brevets (voir graphique 5).

Graphique 5 - Taux de survie des brevets PDA de Samsung versus l'ensemble de l'industrie
En approfondissant ma recherche sur les principales catégories de brevets PDA que Samsung possède, j'ai obtenue le résultat suivant (source ACCLAIMiP[i]) :

Nb de brevets
No Catégorie
Description
1984
455
TELECOMMUNICATIONS
1608
345
COMPUTER GRAPHICS PROCESSING AND SELECTIVE VISUAL DISPLAY SYSTEMS
884
257
ACTIVE SOLID-STATE DEVICES (E.G.,TRANSISTORS, SOLID-STATE DIODES)
1126
370
MULTIPLEX COMMUNICATIONS
1207
365
STATIC INFORMATION STORAGE AND RETRIEVAL
823
348
TELEVISION
709
715
DATA PROCESSING: PRESENTATION PROCESSING OF DOCUMENT, OPERATOR INTERFACE PROCESSING, AND SCREEN SAVER DISPLAY PROCESSING
647
709
ELECTRICAL COMPUTERS AND DIGITAL PROCESSING SYSTEMS: MULTICOMPUTER DATA TRANSFERRING
644
705
DATA PROCESSING: FINANCIAL, BUSINESS PRACTICE, MANAGEMENT, OR COST/PRICE DETERMINATION
437
438
SEMICONDUCTOR DEVICE MANUFACTURING: PROCESS
531
711
ELECTRICAL COMPUTERS AND DIGITAL PROCESSING SYSTEMS: MEMORY

Une analyse de ce tableau et du graphique 6 concernant l’évolution des brevets de Samsung pour les PDA par type (catégorie) de brevets, nous permet de constater que Samsung a un grand intérêt pour les brevets en lien avec le matériel (Hardware) et la télécommunication. Par contre, le type « contenu », c’est-à-dire logiciels, systèmes d’exploitation, etc., est complètement absent.
Graphique 6 - Évolution des brevets PDA de Samsung par catégories
On réalise ainsi que la stratégie d’innovation de Samsung est double : se positionner comme un des chefs de file en tant que manufacturier d’équipement TI, et soutenir les opérateurs de réseaux grâce à des innovations en télécommunication. Cependant, à mon avis, ce deuxième volet de la stratégie ne vise pas à percer le marché des opérateurs de réseaux. Samsung ne fait qu’apporter des innovations dans ce domaine afin d’assurer la viabilité de son matériel!

À la lumière de ces éléments, l’entente avec Google prend encore plus son sens! Qu’en pensez-vous?




[i] FreePatentsOnline, AcclaimiP - Patent Search, Analysis & Landscaping Software.

dimanche 16 février 2014

Une pilule, une p’tite granule, une crème, une innovation…


Groupe de musique Mes Aïeux
(Sur l’air de la chanson « Remède Miracle »[i] du groupe québécois « Mes Aïeux »[ii])
Une pilule, une p’tite granule, une crème, une innovation
Y’a rien de mieux mon vieux si tu te sens malade !
Une pilule, une p’tite granule, une infusion, une innovation
Y’a rien de mieux fiston pour te r’mettre su’l’piton.

Est-ce que l’innovation peut vous guérir?  Eh bien, si votre entreprise souffre de paranoïa… Oui !

Premièrement, laissez-moi vous expliquez ce qu’est qu’une entreprise aux prises avec une névrose de style paranoïque, tel qu’expliqué par les auteurs de l’ouvrage de « L’entreprise névrosée »[iii], Kets De Vries et Miller :

Il s’agit de l’un des cinq styles névrotiques des entreprises et de ses leaders :  paranoïque, compulsif, théâtral, dépressif et schizoïde.
                                                                                     
Le style paranoïque se dit des dirigeants d’organisations dont le souci premier est le renseignement et la surveillance du monde externe. Ces dirigeants voulant contrôler l’environnement externe de l’organisation, cette dernière tend alors vers le repli sur elle-même, et de ce fait se méfie de tout élément extérieur, en particulier ses concurrents.

L’organisation paranoïaque, guidée par des dirigeants suspicieux et outrageusement méfiants d’autrui, risque de percevoir une réalité altérée par la recherche excessive de motifs cachés et de complots au point de devenir réactionnaire et de riposter à tout ce qu’elle perçoit comme une menace.  Toutefois, bien qu’elle soit sensible à son environnement, l’organisation paranoïaque ne prend plus de risques, même si ceux-ci pourraient la faire progresser !
                                                                                                                             
Dans ce style névrotique, « l’innovation est perçue comme déviante, car elle bouleverse l’ordre des choses »[iv].

Lors de ma recherche sur les cinq styles névrotiques énoncés plus haut, j’ai eu la chance de lire la biographie intitulée « Only the paranoid survive: how to exploit the crisis points that challenge every company»[v], de l’ancien président d’Intel Andrew Grove.  Son exemple présente une des pistes de solution pour éviter la dérive du style paranoïaque.

Pour éviter les dommages que peuvent causer des leaders paranoïaques dans les domaines technologiques, Grove explique qu’ils doivent apprendre à garder une attitude offensive, à remettre en question leur première perception et à prendre des risques, car c’est l’innovation continuelle qui permettra de faire progresser l’entreprise. Si les dirigeants paranoïaques sont capables de faire la distinction entre une catastrophe et une opportunité, ils seront en mesure de faire croître l’entreprise en saisissant les opportunités.

En modelant sa paranoïa sur les enjeux stratégiques globaux de sa compagnie et sur l’innovation, Grove a réussi à focaliser son attention sur ce qui était le plus important pour la survie de son entreprise et ainsi se guérir de sa névrose.

Pour conclure, si vous avez un patron aux prises avec cette névrose, n’oubliez pas de fredonner : « Une pilule, une p’tite granule, une crème, une innovation… »  Dans votre tête ;-)

Si vous connaissez d’autres cas célèbres, n’hésitez pas à m’en faire part!








[i] Mes Aïeux, “Paroles Remède Miracle - Mes Aïeux,” Www.parolesmania.com, accessed February 16, 2014, http://www.parolesmania.com/paroles_mes_aieux_11881/paroles_remede_miracle_403378.html.
[ii] “Mes Aïeux,” Wikipédia, February 15, 2014, http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Mes_A%C3%AFeux&oldid=101112314.
[iii] Manfred F. R. Kets De Vries and D. Miller, L’entreprise névrosée (France, Paris: Mc Graw Hill, 1985).
[iv] Jean-Marc Sauret, “Il y a quelque chose de paranoïaque dans les organisations bureaucratiques,” Il y a quelque chose de paranoïaque dans les organisations bureaucratiques, March 19, 2013, http://jmsauret-managerconseil.blogspot.ca/2013/03/il-y-quelque-chose-de-paranoiaque-dans.html.
[v] Andrew S Grove, Only the Paranoid Survive: How to Exploit the Crisis Points That Challenge Every Company (New York: Currency Doubleday, 1999).